Comment gérer le premier chagrin d'amour de nos enfants ?

Ça fait depuis hier que votre plus grande, Maude, 13 ans, est enfermée dans sa chambre. Musique à fond, grands cris quand vous tentez de lui parler, elle n’est sortie de son refuge (en claquant la porte) que pour aller se chercher un petit-déjeuner à la cuisine, vous laissant brièvement entrevoire ses yeux gonflés. Elle vient de rompre avec son amoureux Lucas et l’épreuve est difficile à vivre.

Tout le monde ne réagit pas de la manière à la déception amoureuse, et d’autres adolescents seront plus enclins à discuter. Toujours est-il que face à nos enfants il est difficile de ne pas tomber dans les “tu en trouveras une autre” ou “allez c’est pas si grave” qui pourraient avoir tendance à les irriter.

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À cet âge là, on vit tout plus intensément, et chaque ado ou pré-ado a sa manière à lui de réagir à l’inévitable épreuve : le premier chagrin d’amour. Face à cela, nous, les parents, on se sent un peu désemparés, on ne sait pas trop quoi faire, ou s’il faut faire quelque chose. On se souvient peut-être des nôtres, des chagrins d’amour on en a tous vécu. Mais comment parler de ces choses là à nos propres enfants ? Faut-il les aider ? Ou ne pas le faire pour ne pas les mettre mal à l’aise ?

Nous avons demandé à Muriel Bertrand, psychologue et psychanalyste, de répondre à quelques unes des questions que l’on se pose face au premier chagrin d’amour de notre enfant.

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Est-ce qu’un chagrin d’amour, « c’est rien du tout »?  

Pas du tout. Un premier chagrin d’amour (ou un chagrin d’amour en général d’ailleurs) peut être un moment très difficile pour un adolescent. C’est d’autant plus dur s’il s’agit en effet de leur première expérience amoureuse, car ils ont tendance à idéaliser encore plus la relation.

Selon l’histoire de l’adolescent, son passé, s’il y a eu des divorces, des deuils, selon ses relations avec sa famille, une rupture peut être plus ou moins difficile à assumer. Il faut vraiment éviter de minimiser la peine de notre ado, tout en lui laissant la liberté de venir nous en parler, ou pas.

Les parents se retrouvent parfois démunis face au chagrin de leurs enfants et cherchent à tout prix à les aider. À partir de quel moment peut-on considérer qu’ils en font trop?

Les parents en font trop à partir du moment où ils font trop “copain/copine” avec l’enfant. Les parents doivent rester à leur place de parents tout en étant compréhensifs. Et s’ils voient que le problème prend trop d’ampleur, il ne faut pas hésiter à faire appel à un tiers, comme un membre de la famille de qui votre enfant est proche. Enfin, l’aide d’un spécialiste peut être nécessaire pour aider à faire passer cette étape difficile.

 

Peut-on considérer que cela fait partie de leur développement de l'enfant ?

Il faut en effet apprendre à perdre, même si c’est une épreuve que l’on souhaite bien entendu la plus douce possible. Les ruptures font partie de l’apprentissage de la vie, il faut apprendre la perte, et à se réinvestir ailleurs. Ça aide à grandir, à devenir peu à peu un adulte. En revanche cela ne veut pas dire qu’il faut leur sortir les phrases toutes faites de type “une de perdue…”! Ou encore essayer à tout prix de lui faire reconnaître qu’il s’agit d’une expérience positive. C’est normal qu’un ado se replie sur lui-même dans un premier temps, ainsi que toutes les réactions allant de la tristesse à la colère. Il ne faut donc pas tout de suite s’inquiéter outre mesure.

 

Alors que peut faire un parent face au chagrin d’amour de son enfant ?

Vous pouvez discuter avec lui, mais s’il n’a pas envie de vous parler, ce n’est pas dramatique. Par pudeur il peut préférer discuter avec des amis du même âge, censés mieux le comprendre. Vous pouvez l’encourager à les inviter à la maison par exemple. Il ne faut pas forcer les choses si votre ado n’a pas envie de parler de ça avec vous. Mais les parents doivent quand même rester vigilants pour s’assurer que la tristesse ne devienne pas omniprésente et que son comportement revienne à la normale après quelques semaines.

 

À quel moment s’inquiéter ?

Quand la tristesse perdure, que l’adolescent se renferme sur lui-même, qu’il ne s’intéresse plus à ce qu’il l’intéressait auparavant. S’il reste enfermé dans sa chambre et qu’il coupe toute communication pendant plus d’une quinzaine de jour. C’est pareil s’il ne mange plus, a des insomnies. Si la situation devient pathologique de l’une de ces façons, qu’il ne réinvestit pas sa vie d’avant il faut consulter. Dans ces cas là, si vous constatez que la situation s’installe, vous pouvez faire appel à un médecin généraliste ou à un psychologue.

 

La première déception amoureuse a t-elle une conséquence sur la vie amoureuse future de nos enfants ?

Normalement l’adolescent réinvestit son affection sur un autre partenaire. Bien sûr cela peut avoir un impact sur sa vie amoureuse future mais ce n’est pas systématique. Il ne faut donc pas paniquer si la première histoire de notre enfant ne s’est pas terminée dans les meilleures conditions.

 

Pourquoi parle-t-on toujours du premier chagrin d’amour ?

Peut-être parce que lors de la première histoire d’amour, on investit souvent beaucoup la personne qu’on a en face, on s’imagine que c’est pour la vie. On projette sur quelqu’un d’autre, on a inconsciemment l’impression qu’il va venir combler tous les manques affectifs, répondre à tous les besoins. La désillusion est donc d’autant plus profonde. Et souvent ça arrive à un âge où toutes les émotions sont multipliées, lui donnant donc encore plus d’importance.

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Pour aller plus loin

  • Si votre ado a besoin de plus d’aide vous pouvez contacter l’une des Maison des adolescents que l’on trouve un peu partout en France. Elles ont commencé à se développer sur tout le territoire depuis 2004 et offrent aux adolescents une écoute, des conseils et un accompagnement par des spécialistes. Pour citer quelques exemples :

  • Pour trouver un psychologue qui convient à votre enfant, il faut trouver quelqu’un qui a la bonne méthode, avec qui le “feeling” passe bien. Et ça, ça dépend d’une personne à l’autre. Il faudra donc peut-être voir plusieurs personnes avant de trouver la bonne ! Surtout ne vous obstinez pas si vous voyez que vos enfants n’y vont pas volontiers. Si votre ado est assez grand, il peut aussi choisir son psychologue lui-même, ce qui lui donnera plus l’envie de s’investir dans la démarche dès le début. Vous pouvez aussi demander des recommandations à votre médecin généraliste, qui connaît généralement bien vos enfants et saura sûrement les aiguiller.

  • Enfin, si vous voyez que votre enfant n’a pas la forme, n’hésitez pas à lui organiser une sortie qui le fera se changer les idées : une session shopping, un concert, un match de foot, ou tout ce qui pourrait lui plaire. Les petites attention (comme cette marque de chocolat dont il raffole) sont aussi les bienvenues, et déjà ça aide, de se sentir bien entouré.

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Bon courage !

Claudine

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